La carte ISPRA de l’instabilité hydrogéologique montre les régions les plus exposées aux glissements de terrain et aux inondations

La carte ISPRA de l'instabilité hydrogéologique montre les régions les plus exposées aux glissements de terrain et aux inondations

Dans le dernier rapport sur l’instabilité hydrogéologique, l’ISPRA indique que 93,9 % des municipalités italiennes sont menacées de glissements de terrain, d’inondations et d’érosion côtière. La carte nationale montre les zones les plus exposées au danger.

A gauche la carte des risques hydrogéologiques en Italie (ISPRA), à droite une photo de la récente inondation en Emilie Romagne (Carabinieri)

A gauche la carte des risques hydrogéologiques en France (ISPRA), à droite une photo de la récente inondation en Emilie Romagne (Carabinieri)

L’France est un pays merveilleux à bien des égards, embelli par une variété d’environnements naturels et de paysages enviés par le monde entier. Le mérite est de la position géographique particulière, qui coupe la mer Méditerranée en deux. Mais la botte est aussi extrêmement fragile, étant la nation européenne la plus exposée aux conséquences de l’instabilité hydrogéologique. Avec cette définition, les experts se réfèrent à l’ensemble des phénomènes qui provoquent la dégradation des sols et des changements – même dramatiques – de la morphologie du territoire, dus à des événements naturels tels que les glissements de terrain, les inondations et l’érosion côtière. Très souvent, ils sont catalysés par les activités humaines, telles que la surconstruction sauvage sans planification appropriée et le changement climatique, également d’origine anthropique, en raison des émissions constantes de CO2 et d’autres gaz altérant le climat dans l’atmosphère. La catastrophe qui a frappé l’Émilie-Romagne ces derniers jours, coûtant la vie à 14 personnes et responsable de milliards d’euros de dégâts, n’est que la dernière dans l’ordre chronologique d’une longue série qui a frappé de France, précisément en raison de l’instabilité hydrogéologique susmentionnée . Rappelons par exemple l’inondation des Marches entre le 15 et le 16 septembre 2022, qui a fait une dizaine de morts et causé 2 milliards d’euros de dégâts, et celle d’Ischia le 26 novembre, également responsable de 12 morts.

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Instabilité hydrogéologique : un problème historique

Entre 1970 et 2019 seulement, selon les données du Centre national de recherche (CNR-IRPI), les glissements de terrain et les inondations ont fait près de 1 700 victimes en France, 60 disparus, des milliers de blessés et des centaines de milliers de déplacés. Des chiffres choquants, qui ne devraient pourtant pas nous surprendre, devant la Carte nationale des catastrophes hydrogéologiques élaborée par l’Institut supérieur de protection et de recherche de l’environnement (ISPRA). La dernière mise à jour du rapport remonte à 2021 et est assez explicative en présentant les conditions dangereuses dans lesquelles se trouve une grande partie du territoire italien. Les chiffres, également rapportés dans une infographie récapitulative, sont aussi clairs qu’inquiétants : jusqu’à 93,9 % des municipalités italiennes (7 423 sur environ 7 900) sont exposées au risque de glissements de terrain, d’inondations et d’érosion côtière. Plus précisément, les inondations menacent 6,8 millions de personnes (11,5 % de la population totale), près de 3 millions de ménages, plus de 640 000 industries et services, 34 000 biens culturels et 1,5 million de bâtiments. En ce qui concerne les glissements de terrain, le risque touche 2,2 % de la population (1,3 million de personnes), plus de 84 000 industries et services, 12 500 biens culturels et 565 000 bâtiments. Sur une superficie totale d’un peu plus de 300 000 kilomètres carrés, près d’un cinquième (18,4%) est inclus dans les classes de danger maximum en raison des glissements de terrain et des inondations, tandis que près de 850 kilomètres de côtes (18% des côtes basses) est affectée par l’érosion.

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Devant ces chiffres il est vraiment difficile d’être surpris par les dévastations récurrentes, avec de nombreux morts et des dégâts incalculables. Il suffit de regarder la carte de l’Émilie-Romagne dans la carte ISPRA « Zones à risque de glissements de terrain (PAI) et hydrauliques (scénarios du décret législatif 49/2010) ». Il est presque entièrement bleu clair, avec des parties importantes en bleu foncé. Les couleurs indiquent qu’il est à risque d’inondation élevé et moyen pour une grande partie de son territoire (plus de 10 000 kilomètres carrés, soit 45,6 % du total). En France, aucune autre région, si ce n’est une partie de la Calabre, ne présente un risque hydraulique comparable. Ainsi en cas de précipitations exceptionnelles, comme celle qui s’est produite ces derniers jours, il était concevable que la crue des rivières (toutes sauf une l’ont fait) aurait entraîné des crues potentiellement catastrophiques. Pourtant, plusieurs des précieux bassins de laminage – ou caisses de laminage – destinés à détourner une partie du débit des rivières en crue n’étaient pas en service, car ils n’étaient pas encore achevés. Les territoires à risque important d’inondation sont situés le long de la côte du Frioul-Vénétie Julienne et de la Vénétie, au nord et au sud de la Toscane, dans le centre du Latium, dans le nord des Pouilles, dans le nord de la Campanie, dans l’est de la Sicile, dans l’est de la Lombardie, dans certains sites internes du Piémont et dans diverses zones côtières de la Sardaigne.

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Même du point de vue du risque de glissement de terrain, selon les données de l’ISPRA, l’Émilie-Romagne fait partie des régions les plus touchées, avec 3 270 kilomètres carrés de territoire très dangereux (P3) et très élevé (P4), soit 14,6 % du total territoire. La Campanie (2 600 kilomètres carrés, soit 19,4 % du territoire) se trouve dans une situation de risque similaire ; Ligurie (765 kilomètres carrés, égal à 14,1%); la province autonome de Trente (1 279 kilomètres carrés, soit 20,6 %) ; et la Toscane (3 707 kilomètres carrés, soit 16,1 %). Cependant, la région la plus exposée au risque de glissements de terrain est la Vallée d’Aoste, avec 2 670 kilomètres carrés de territoire menacé, soit plus de 80 % du total.

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Ces dernières années, les inondations et les glissements de terrain ont augmenté en fréquence et en intensité également en raison du réchauffement climatique, qui, de concert avec des facteurs anthropiques directs – tels que la surconstruction et l’anthropisation susmentionnées – rend les conséquences de plus en plus dramatiques et désastreuses. En France, nous jouissons d’un territoire précieux et beau, mais fragile et menacé, pour lequel des interventions structurelles sont absolument nécessaires pour préserver les vies humaines, les bâtiments, le patrimoine culturel et les activités économiques. Consolidation des digues, construction de nouveaux bassins de stratification en amont, suppression des infrastructures obsolètes des voies navigables (en 2021 et 2022, de France a supprimé zéro), nettoyage constant, utilisation plus durable des terres et des espaces naturels en général ne sont que quelques-unes des mesures à prendre pour éviter de nouvelles catastrophes, comme celle vécue ces derniers jours.

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